Je suis un paragraphe. Cliquez ici pour ajouter votre propre texte et me modifier. C'est facile.
Cuba
entre mère
& fille
-
Date : Février 2017
-
Durée : 14 jours
-
Transports : bus et taxis partagés
-
Hébergements : casas particulares
La Havane
Varadero
Trinidad
Viñales
Cuba est une de ces îles qui me faisait rêver depuis longtemps car elle était synonyme de plages caribéennes aux eaux cristallines, de salsas et autres merveilleuses danses latines à toute heure,... en bref un mode de vie latino au chaud qui m'attire beaucoup. Ou serait-ce encore pour sa fascinante histoire qui l'a comme figé dans le temps ? Pourtant on le sait, la situation économique et politique de Cuba laisse bien moins rêveur...
C'est drôle car je visualisais bien cette destination pour mon voyage de noces par exemple... Mais ce fut finalement accompagnée de ma maman que je m'en suis allée, et cela m’aura apporté des souvenirs tout particuliers !
Ce fut une chance de trouver ce moment pour nous faire ce grand voyage toutes les deux comme on
avait pu en rêver depuis plusieurs années. Il faut savoir que nous n’avions eu auparavant seulement
une occasion de voyager juste entre mère et fille : c’était 4 ans auparavant lors d’un long week-end à
Venise pour découvrir cette cité mythique mais aussi son célèbre carnaval. Cette fois c’était donc un
voyage bien plus long et bien plus loin qui nous attendait !
Nous avons fait le choix de ne pas passer par une agence de voyages et de ne pas nous déplacer en voiture
de location, donc cela m’a demandé de tout organiser notre voyage comme il me plait de le faire. Ayant bien plus
l’habitude de voyager que mam, et surtout dans des conditions plus roots, le premier défi de ce voyage était de réussir à concilier les intérêts de chacune, sans vraiment savoir l’une et l’autre comment l’autre fonctionnait en voyage. Cet inconnue fut donc notre plus grand défi, car pendant la préparation du voyage j’ai bien pris soin de prévoir un rythme plutôt tranquille, réserver des hébergements au calme au préalable et même de prévoir des excursions en groupe pour plus de simplicité et donner moins de place au hasard. Mais bien entendu il est impossible de pouvoir tout anticiper, donc il allait forcément y avoir des surprises sur place, bonnes ou mauvaises…. Par exemple, je savais que les exigences de confort de mam étaient plus élevées que les miennes. Comme mon souhait le plus cher était qu’elle soit satisfaite de tout le déroulement de notre circuit, je tenais à orienter sur place le voyage selon ses préférences à elle et lui laissait sans mal les meilleures places pour profiter au max de ce qui nous était offert. Ses déceptions au cours du voyage ont donc eu d’autant plus d’impact sur mon moral et il y eut donc quelques moments de tension inévitables, mais heureusement en prenant du recul ce ne sont que les bons moments que l’on garde en tête ainsi que le bonheur d’avoir partagé tous ces souvenirs ensemble !
Je me souviens aussi de ces instants « émotions »… De cette joie ressentie en voyant mam si heureuse notamment quand elle se baignait dans ses chères piscines naturelles. De cette reconnaissance commune pour les belles coïncidences qui sont venues à nous durant tout le voyage. Et de ce bonheur simple lorsque l’on chantait à tue-tête au milieu des vagues sur les bords de l’Atlantique… Ces souvenirs sont un bonheur pour la tête et le cœur, que l’on pourra garder précieusement pour les nombreuses années à venir !
Voyager entre
mère & fille
La Havane
Après 3 petits jours passés dans la ville en guise d’introduction à Cuba, je me dis que la Havane est une de ces villes qui ne se visite pas, mais qui se vit ! Au gré des ruelles, j’ai été véritablement séduite par la foison de couleurs et de sons mêlée à son agitation. Loger dans une casa particular en plein cœur de la Habana Vieja nous a permis de profiter de sa cadence à toute heure du jour et à la nuit tombée.
C’est incontestablement l’architecture de la vieille Havane dans son ensemble que j’ai appréciée, avec ses édifices coloniaux aux couleurs si chatoyantes et qui dévoilent un passé riche et prospère. Une période que l’on sent révolue depuis longtemps car il est vrai que si les édifices ont parfois été rénovés tels ceux qui entourent les places principales de la vielle ville, la majorité montre un état assez délabré qui renforce le charme et le caractère unique de cette ville
Le contraste de cette architecture se retrouve autant d’un point de vue extérieur qu’intérieur. Quelle surprise avons-nous eu en entrant dans des bâtiments aux façades et à l’entrée imposantes, mais qui en fait ne comprennent que de petits magasins dont leurs articles se comptent sur les doigts de la main…. Cuba est un pays de paradoxes, il va falloir s’y habituer !
Chère Habana, de toi j’ai aimé…
Admirer les nombreuses voitures américaines colorées qui défilent sur les routes, entre les vieilles caisses rafistolées et les plus beaux modèles qui font les yeux doux aux touristes pour une petite remontée dans le temps. Juste dommage pour les fumées noires de diesel qui, si elles ne nous enlèvent pas des années de vie, nous font vite déchanter sur les routes !
L’agréable paseo del Prado, une allée aérée et étonnamment peu fréquentée, pour se rafraîchir sous ses grands arbres, admirer ses splendides demeures, ou encore observer les écoliers jouer dans leurs jolis uniformes.
L’absence de publicités dans les rues, au point qu’il est difficile de se repérer quand on cherche un endroit bien précis, mais qui rend la flânerie bien plus agréable et authentique. A la place, on peut s’amuser à chercher les hommages au Che, plus ou moins discrets sur un mur, un t-shirt ou une affiche.
Le contraste des grands hôtels et des édifices laissés vétustes tout au long du Malecon, cette célèbre promenade le long de la mer où les cubains aiment à se retrouver pour bavarder, flirter ou danser…
Chère Habana, de toi je garderai un souvenir tout particulier…
De notre tout premier aperçu de la ville de façon originale, à notre réveil au petit matin suite à une arrivée tard dans la nuit, du haut du balcon de notre belle casa coloniale…
De ce charmant cubain accompagné de sa sœur qui a marqué notre premier échange avec la population, dans la file d’attente pour changer notre argent : un sourire grand comme ça, plein d’humour et une joie communicative… Mais oui votre photo et notre échange valent bien plus qu’un monument !
De cet arrêt fortuit devant une école de danse en nous promenant dans les rues de la ville Havane, le temps d’admirer 2 couples d’un jour s’essayer à la salsa dans un décor nous plongeant comme dans un film…
De cet air de saxophone entendu au loin lors de notre promenade nocturne à travers la calle Obispo et ses bars et restaurants qui chacun nous laissaient profiter de styles de musiques différents et pourtant toujours aussi cubains… Finir la balade sur cet air de saxo soliste qui a su nous attirer et guider vers la magie d’un instant de musique en toute simplicité sur la Plaza de Armas alors déserte…
* Conseil pratique : quand on n’est pas véhiculé, les 2 options les plus courantes pour se déplacer entre les principales villes sont le bus ou le taxi colectivo. A la Havane, la station de bus Viazul se situe à l’écart du centre, il faut donc compter quelques allers-retours pour aller réserver sa place et revenir le jour du départ. Une solution plus pratique pour quelques CUC de plus est de passer par votre casa pour vous commander un taxi colectivo qui viendra vous prendre à votre casa et vous déposera à votre casa au point d’arrivée, vous faisant gagner ainsi du temps de trajet. Par contre, il faut rester flexible car vous ne savez pas sur quel véhicule vous tomberez : pour nous une espèce de mini-camion, sans appuie-tête pour se reposer et sans clim vieille voiture oblige, du coup les fenêtres ouvertes donnent droit aux délicieux relents de diesel des véhicules autour de nous, et croyez-moi au bout de 3h de route vous êtes contents d’arriver.. !
* Conseil pratique : le bus touristique est un moyen pratique et pas cher pour découvrir la Havane en dehors de sa vieille ville, car même si le plus beau est par là, on se rend compte que la ville est bien plus grande. Pour 5 CUC la journée vous avez l’occasion de longer quelques kilomètres du Malecon ou encore le grand cimetière Cristobal Colon, d’admirer le célèbre Plaza de la Revolucion et ses portraits du Che et de Fidel Castro, mais aussi d’avoir un aperçu du quartier moderne du Vedado et des quartiers plus populaires au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la ville.
Valle de Viñales
Contrairement à d’autres sites dont j’avais déjà vu maintes photos depuis toute petite, je me souviens d’avoir découvert le paysage fascinant de la vallée de Viñales lorsque je me suis intéressée de plus près à Cuba. Et c’était finalement l’endroit dont je rêvais le plus pour mon voyage, ce côté très nature dans un décor assez inhabituel à mes yeux. Je ne me suis pas trompée puisque ce fut mon grand coup de cœur de ces 15 jours !
Je m’attendais à un lieu touristique car il me semblait que Viñales faisait partie de ces étapes incontournables à Cuba, mais malgré une présence non négligeable d’étrangers elle m’a finalement donné l’impression d’un lieu encore préservé (et encore plus avec le recul après avoir visité d’autres coins du pays). La ville en elle-même n’est pas grande, une fois passé son petit centre les maisons sont plutôt éparpillées dans la vallée. La rue principale comprend surtout de nombreux restaurants, et une petite place centrale avec son centre Polo Montanez qui fait vibrer les touristes et les cubains au son de la salsa chaque soir à partir de 21h30. Maman a d’ailleurs pris plaisir à la danse avec un cours accéléré de salsa avec un super prof cubain : en 30 minutes elle savait déjà parfaitement ses bases !
C’est à Viñales que nous avons vécu nos moments les plus chaleureux et les plus authentiques avec de charmants cubains !
Premier jour, nous longeons la rue principale en quête de trouver un centre d’information touristique pour les promenades à cheval et les randonnées. Un cubain bienveillant écourte notre recherche et commence par nous recommander oralement un ranch pas très loin de là, puis décide finalement de nous y accompagner. L’occasion pour nous d’apprendre à connaître son histoire, et pour lui de pratiquer son français. Merci à Andrés pour son cœur d’or et pour nous avoir fait découvrir une propriété où ne serions certainement pas allées seules, puisqu’il m’est même aujourd’hui impossible de trouver une adresse ou un site qui en parle sur internet, c’est dire ! Je ne pourrais hélas que vous expliquer comment vous y rendre… En tout cas on s souviendra forcément d'Andrés, ne serait-ce que pour son mémorable « c’est che ! » qui nous a valu plein de bons fous-rires avec maman #privatejoke !
Cigares et chevaux cubains
A la finca de Manolo, nous avons tout d’abord pu découvrir une exploitation de tabac écologique, avec l’explication du processus de plantation, de récolte et de séchage des feuilles, puis du roulage des cigares. Et quoi de mieux pour finir qu’une dégustation de ces fameux cigares bio et sans nicotine ? Tout d’abord réticente à cette idée n’ayant jamais fumé, je me suis laissée aller à cette douce tentation. En réalité j’ai trouvé le cigare plus appréciable qu’une cigarette, adouci par la petite touche de miel rajoutée à son extrémité.
Après la découverte du tabac, nous nous sommes penchées sur les chevaux car la famille gère ces deux affaires en même temps. Yolande l’ainé a hérité des chevaux et en est passionné. Il les traite comme ses meilleurs amis, leur bon état nous le prouve, et passe toutes ses journées à emmener les touristes se balader dans la vallée. Après une petite présentation des chevaux (qui ont quasiment tous un nom de cocktail !) et de leur environnement, la bonne entente avec Yolande est là et nous décidons de consacrer notre prochaine journée à la découverte del valle del Silencio à cheval, pour 3h durant la matinée puis 2h spécialement pour le coucher du soleil.
Le tour de la matinée ne m’a pas transcendée, car c’était typiquement l’excursion touriste : courte chevauchée (au pas et pas moyen de faire galoper ce cher Mojito, un vrai semi-automatique !), arrêt trop long dans une propriété de café qui t’explique le processus de récolte en 3 minutes qui sert surtout à vendre les produits au prix fort, petite traversée d’une grotte « histoire de », dernière halte dans un lac pour le peu de touristes qui veulent se rafraîchir… Comme nous étions avec 2 autres touristes allemands, nous n’avons pas bien pu faire autrement. Je ne dis pas que c’était nul, juste que ça ne correspondait pas à mes attentes de « hors des sentiers battus ». Donc ce que je retiens surtout de cette balade furent les échanges avec Yolande pour connaître sa vie à Viñales et aborder plus généralement les thèmes illustrant la situation à Cuba. Comme beaucoup de Cubains, il avait fait de longues et grandes études à la Havane, avait travaillé 1 an ou 2, et puis était revenu dans ses terres d’origine pour s’occuper de ses chevaux, car c’est ce qu’il aime le plus, et c’est surtout comme ça qu’il gagne le plus ! Travailler pour le gouvernement paie vraiment trop peu, alors même s’il doit payer sa licence et des taxes à l’Etat, le tourisme lui offre un meilleur confort de vie (qui reste simple évidemment…). De mon analyse il semble heureux avec cette vie qu’il s’est choisie, seule une femme lui manque, mais avec le peu de temps libre que son travail lui laisse il semble peiner. Et il me parle de ces Cubaines davantage intéressées par les étrangers pour leur quête d’une autre vie ailleurs, et de ces histoires d’amour nées à Cuba et qui ont l’air de perdurer dans le temps. Ma vision de l’amour est telle que je reste dubitative sur la sienne pour espérer que cela marche sur du long terme, mais je peux comprendre que cela fasse rêver et que parfois cela puisse donner de belles histoires.
Heureusement Yolande nous a proposé de faire une nouvelle promenade à cheval en début de soirée et en privé cette fois, et effectivement ces 2 heures là nous ont bien plus enchantées ! Nous n’étions que tous les 3, maman avait troqué Caramel pour Chocolate, le petit jeune de la bande, qui était parfaitement calme tout comme elle souhaitait, c’est bien simple il ne bougeait même pas d’un poil (autres fous rires garantis) !! L’ambiance de fin de journée était très agréable, nous avons d’abord passé le long de jolies maisons colorées puis nous avons emprunté un chemin qui nous a fait grimper sur les hauteurs. Derrière nous, la vallée se dévoilait petit à petit sous des lumières chaudes avec juste ce qu’il fallait de nuages pour accentuer les couleurs du paysage. Le fier cow-boy, lui, fumait son cigare et écoutait de la musique cubaine pour l’accompagner dans ce moment de trêve pendant cette énième journée de dur travail… vraiment c’était classe ! Nous sommes allés jusqu’à un mirador qui nous a donné un point de vue splendide sur ce lieu magique qu’est la vallée de Viñales. Nous avons eu le temps de savourer le lieu juste pour nous avec un délicieux jus frais, avant que quelques autres touristes nous ramènent un petit peu à la réalité, mais on a vraiment eu l’impression de vivre un instant unique avec ce charmant cubain et c’est ça que j’adore en voyage ! Le coucher de soleil n’était pas très intense, mais l’endroit nous a permis de profiter du panorama qui nous entourait vu de haut. Puis comme on avait un bon feeling avec notre guide et qu’il jouait au gentleman avec moi, nous avons pu rester jusqu’à la tombée de la nuit et rentrer tranquillement dans le noir, sous le ciel étoilé et toujours avec cette douce musique cubaine qui nous accompagnait… Pour conclure ce moment de bonheur, et parce qu’aucun de nous ne souhaitait terminer cette journée je crois, nous avons fumé ensemble un cigare et échangé nos derniers mots. Puis Yolande nous a ramenées à 3 sur son scooter électrique, pour un au-revoir rempli de gratitude et de joie, avec une pointe de nostalgie…
Ce fut un très beau moment de douceur et de partage entre des amis d’un jour sous le ciel de Cuba !
Randonnée dans la vallée avec un local
Nous avions déjà fait de belles découvertes, mais j’avais le sentiment de ne pas avoir encore vraiment pénétré cette belle vallée de mogotes, et c’était pour moi inenvisageable de partir de là sans avoir foulé à la sueur de mes pieds ce territoire… Encore une fois la vie nous amène de belles coïncidences. Nous déjeunions à notre habituel restaurant qui sert de bons petits plats et pas chers dans la rue principale, lorsque je demandai au serveur de nous indiquer le meilleur moyen de nous rendre au centro de visitantes qui est un peu excentré et qui pourtant semble être le lieu pour se renseigner sur les randos. Comme j’ai eu l’occasion de lui dire que nous cherchions un moyen de ne pas faire un tour trop classique et trop touristique, il finit par nous proposer ses services à titre privé, bien qu’il n’y soit pas autorisé par le gouvernement (un autre exemple du manque de liberté de ces chers cubains…). Même s’il restait encore à savoir si c’est réellement un bon plan que ce jeune homme nous proposait, cela nous semblait être une aubaine !
Le lendemain matin 9h, notre escapade commence. On part à pied du centre, notre cher guide a l’air d’être un touriste lambda qui pourrait très bien être mon frère, car il est blanc, blond et aux yeux bleus ! Et pourtant il parle parfaitement cubain... normal, il est cubain !! Mais il n’en a pas l’apparence, et pour ses affaires ça l’arrange bien (en sachant qu’il ne fait évidemment rien de mal, seulement trouver des combines pour gagner de l’argent, comme le font tous les cubains !).
Nous nous laissons guidées, et sommes enchantées du chemin parcouru. Notre guide tient ses promesses et nous emmène dans des endroits peu empruntés. Sa spécialité étant la montagne, il nous fait prendre de la hauteur en grimpant sur les monts ou en traversant de longues grottes. On devine des endroits où les cubains aiment à se retrouver pour une soirée ou pour une nuit en pleine nature. On ne suit pas forcément les sentiers, on s’engouffre dans des broussailles, son but est de nous amener vers les plus beaux. points de vue de la vallée. Ici et là on croise des animaux en semi-liberté, ce qui rajoute au caractère pittoresque de la balade.Notre guide nous explique qu’il est né dans cette vallée et qu’il y vit toujours avec ses parents qui sont des paysans assez pauvres, où nous n’avons malheureusement pas pu aller faute de temps. Il combine plusieurs jobs dans le tourisme dont l’argent doit servir à améliorer leur maison. Il me raconte plein d'histoires de son enfance qu’il a passée dans cette vallée, tantôt à se baigner dans les rivières alors qu’il ne savait pas encore nager, tantôt à « piquer » les chevaux des voisins pour des chevauchées improvisées. A chaque fois il se faisait gronder, mais ça ne l’empêchait pas de recommencer et de savourer sa vie avec son petit frère qu’il emmenait. Il a une grande passion pour l’aventure et l’adrénaline, il me raconte qu’il fait même du parapente ou encore du saut à l’élastique avec une bande de 6 copains, et me laisse imaginer l’état de leur matériel de fortune… Il nous montre ses nombreux tatouages : le Che sur la cheville car il aime le message de l’homme qui a su aller jusqu’au bout de ses idées ; l’étoile et le désert du livre Le petit Prince car il adore sa morale ; quelques caractères japonais illustrant son ouverture à la spiritualité ; et une étoile de la marine qui rappelle son métier d’avant, car lui aussi a fait des études d’ingénieur à la Havane avant… J’aime beaucoup découvrir ce personnage aussi surprenant qu’attachant ! Comme quoi, même sous les contraintes politiques et économiques de Cuba, certaines personnalités se débrouillent pour s’exprimer pleinement…
Notre marche nous a ensuite menés en plein cœur del Valle del palmarito, entre terre rouge, plantations de tabac à perte de vue et grand mogotes à 360° ! Et puis pour sublimer encore plus ce paysage authentique, les ceibas se dressent fièrement ici et là. On apprend que cet arbre à la taile impressionnante et au tronc singulier est très présent dans la région est un arbre très vieux qui se veut solitaire. Ayant une valeur religieuse et sacrée dans beaucoup de cultures du monde, jamais il n’a été coupé, toujours les cultures ont été plantées autour en l’intégrant complètement au territoire.
Le clou de la rando devait être une baignade dans une piscine naturelle comme il en existe plusieurs dans la vallée à proximité des mogotes. Mais notre guide avait omis de nous signaler que cette piscine était en fait au fin fond d’une grotte et qu’il n’y avait donc aucune lumière… Ce sera donc sans nous qu’il aura pris son bain !
En résumé, nous avons passé plus de 6h en rando, terminée sous une chaleur accablante, mais vraiment heureux par cette découverte en profondeur des lieux et de manière authentique, tout comme nous le voulions ! C’était du sur-mesure, donc pas forcément la solution la moins chère, mais franchement donner 50 CUC à cet ami cubain en échange de ce chouette moment, ça ne peut que nous faire plaisir !
Cayo Levisa
Il est possible de faire une parenthèse plage pour une journée lors d’une étape à Viñales. A 1h-1h30 de route en direction du nord de l’île, se trouvent deux lieux plébiscités et appréciés pour leur état encore naturel et sauvage par rapport à d’autres plages plus touristiques de Cuba : Cayo Jutias et Cayo Levisa. Si la première est apparemment moins touristique et un bon moyen de se mélanger avec les cubains, nous avons opté pour la deuxième qui est apparemment la plage la plus jolie, et de plus située sur une île ce qui a accentué notre sensation de déconnexion avec la réalité (bien que le fait que les Cubains ne puissent pas en profiter nous chagrine grandement…). Il est tout à fait envisageable de s’y rendre en individuel avec un taxi colectivo pour rejoindre le ferry et ses 30 minutes de navigation, mais nous sommes passées par l’excursion packagée pour plus de simplicité.
Outre le prix exorbitant de cette solution, c’est aussi fort peu agréable de ne se retrouver qu’entre étrangers, mais il a bien fallu jouer le jeu et heureusement, une fois sur notre île, nous avons pu nous éloigner de la foule et nous créer notre petite bulle de solitude sur la plage. Et là nous avons passé 5 heures magiques, qui sont passées beaucoup trop vite ! C’était notre premier moment plage et farniente du séjour, et autant dire que se baigner dans une eau turquoise sublimée par le sable blanc était un vrai délice ! Même si l’eau n’est pas forcément très chaude, une fois dedans on y sent bien et on ne voudrait plus la quitter.
Le ciel aussi nous a montré ses plus beaux atouts, avec de magnifiques trainées de nuages, magnifique…
Ce moment de repos, lecture et bain dans un tel décor paradisiaque était juste parfait pour équilibrer avec les journées plus actives de notre voyage.
Trinidad
* Conseil pratique : attention arnaque !
Une mise en garde immédiate pour vous, que j’aurais aimé avoir lue moi-même pendant mes recherches d’avant voyage… Pour rejoindre Trinidad depuis Viñales, il faut normalement compter environ 6h en voiture (taxi), ou bien environ 9h en bus Viazul.
Si vous optez pour le taxi colectivo, sachez que vous pouvez aussi bien tomber sur une bonne comme sur une mauvaise surprise...
J’avais pourtant bien discuté avec un «rabatteur » pour lui expliquer que l’on tenait à s’assurer d’un minimum de confort dans le véhicule étant donnée la durée du trajet. Lui m’avait confirmé que çe serait dans une voiture en bon état et qui allait directement jusqu’à Trinidad sans détour, et qui nous prenait et déposait de casa à casa. Ça nous coûtait quelques CUC en moins que le bus, mais surtout on gagnait plusieurs heures alors on s’est laissées convaincre. Le jour J, on a vite compris que nos espoirs étaient vains lorsque l’on a aperçu le même type de vieux camion qu’on avait eu depuis la Havane et voyant qu’ils comptaient bien le remplir (on était 12 touristes), au point que l’un des cubanos doive s’accrocher sur le côté à l’extérieur du véhicule ! Et on aurait dû sentir venir le mauvais coup lorsqu’ils nous ont demandé de payer le trajet avant notre départ… Mais bon, ce n’était pas si pire non plus, on n’était pas très bien installées avec peu d’espace et de confort, donc il allait falloir prendre notre mal en patience pendant plusieurs heures… mais ceci n’était que le début de l’épopée.. ! Après environ 2h de route, on nous a arrêtés sur une aire pour nous faire monter dans un vieux camion russe converti en bus... Je vois bien que rien n’avait été organisé à l’avance et que tous décident sur le moment de comment ça va se passer… Et jusqu’au bout ils vont nous répondre des « oui oui » avec de grands sourires alors que rien de ce qui a été dit n’est suivi… Donc là on comprend bien qu’ils s’arrangent comme ils veulent pour optimiser les trajets en dépit de ce qu’ils promettent à la vente, et puis on s’imagine bien que ce bus ne va pas faire le tour des casas à l’arrivée… Mais ce qui nous aura particulièrement dégoutées, c’est que ce bus est resté finalement 1h à l’arrêt sur cette aire en attendant d’autres touristes, et qu’il a fait un détour par Matanzas au nord de l’île… Donc il nous aura fallu 10h pour rejoindre Trinidad voyez-vous ! Autant dire qu’on n’était pas dans la meilleure humeur qui soit, pour avoir été traitées comme de simples portefeuilles ambulants sans cervelles, et que notre confiance en les Cubains a été mise à rude épreuve pour le reste du séjour... Mais ayant partagé ma déception avec des locaux à l’arrivée, j’ai appris que cette arnaque était très fréquente sur ce trajet et qu’il est très peu probable que cela change, donc sachez à quoi vous attendre et choisissez votre moyen de transport en toute connaissance de cause. En sachant que pour d’autres tout se passe bien et vite, c’est vraiment une question de loterie et de chance je crois !
Notre première impression de Trinidad fut forcément influencée par la fatigue et déception accumulées après ces 10 heures interminables pour arriver à destination. A peine arrivées dans notre nouvelle casa, nous sommes sorties nous dégourdir les jambes et commencer à découvrir la ville. Mais cela n’a pas amélioré notre état, au contraire. J’ai été personnellement surprise d’y voir autant de touristes au m²… Un vrai choc après la campagne de Viñales ! C’est comme si je ne voyais que ça et du coup, impossible pour le moment d’apprécier le charme de la ville. On s’est vite enfilées un repas histoire de dire, puis sommes rentrées à la casa avec un nouveau désagrément à résoudre : on nous avait mis dans une chambre avec un lit double seulement, et qui plus est juste à côté de la cuisine et de la terrasse, l’horreur pour la mama hyper sensible au bruit… Heureusement notre hôtesse a su nous trouver une solution en nous hébergeant au calme chez ses beaux-parents, mais la frustration de voir ma mère dans tous ses états aura eu raison de ma joie du voyage ce soir-là… !
Le lendemain, reposées et remises des énergies négatives de la veille, nous avons pu reprendre notre découverte de la ville. Bien que cette ville n’ait pas touché particulièrement mon cœur, nous avons apprécié son architecture singulière et ses ruelles colorées, surtout à la tombée du jour. Nous avons aimé la sérénité de sa Plaza mayor et nous nous sommes laissées entraîner par les rythmes cubains sur les marches de la Casa de la Musica... Ou encore par ce joyeux groupe de rue qui chanta en tout simplicité le célèbre Guantanamera, avec maman aux percussions ! Et puis, les vacances devraient quand même servir à se reposer, non ? Notre casa à Trinidad était parfaite pour cela, car nous avions une belle et grande chambre aérée, et surtout un coin de terrasse privée d’où nous jouissions d’une superbe vue sur les toits de la ville et sur la Sierra au loin, propice à de reposants moments de lecture et à de superbes couchers de soleil !
Il y a quand même un souvenir particulièrement intense qui a marqué notre dernière soirée à Trinidad. Avec la volonté de trouver un lieu où nous pourrions profiter d’une délicieuse piña colada tout en écoutant une douce musique cubaine en live, nous avons eu la chance d’atterrir à « la Bodeguita del Medio », une marque regroupant plusieurs bar-restaurants renommés pour avoir reçu des personnalités dont Ernest Hemingway notamment dans celui de la Havane, mais aussi pour sa décoration riche en photos et en dessins sur les murs. L’ambiance y était vraiment festive et tranquille en même temps. Et après avoir apprécié les rythmes endiablés du groupe, nous avons eu droit à plusieurs balades toutes en discrétion de la part du chanteur en solo à notre table. Toujours avec un penchant dragueur, à l’image que l’on se fait du Cubain (ce n’est clairement pas juste un cliché !), son large sourire et sa voix suave et légèrement éraillée nous ont bercées le temps d’une joyeuse soirée !
La Vallée de los ingenios à cheval
Trinidad a de jolis environs pour compléter une étape dans le coin. Si nous n’avons pas été voir la plage Ancon qui se trouve à 10 km du centre, nous ne voulions pas manquer de découvrir la campagne environnante. Nous avons eu la chance de tomber sur un honnête Cubain qui nous a proposé une balade en calèche pour 26 CUC en plein cœur de la Valle de los ingenios.
C’est ainsi que nous nous sommes retrouvées au milieu de ce site naturel qui a connu une forte industrie sucrière avec de nombreux esclaves pour travailler dans les champs durant le 19e siècle.
Les paysages étaient plutôt arides, saison sèche oblige, mais nous avons eu un bel aperçu du site. Nous étions quasiment seules sur le sentier et sous le soleil chaud, sans aucun bruit à l’horizon, seul le trot de notre fort Pajarito et les soubresauts de la calèche nous gardaient hors d’une douce rêverie. Nous avons fait un arrêt plus animé chez un paysan de la vallée, qui aurait d’ailleurs connu le Che lors de leur passage dans la sierra de l’Escambray qui se trouve juste à côté. Tout en sirotant notre jus de canne à sucre préparé à l’ancienne devant nos yeux, ce monsieur nous a improvisé des chansons dédicacées au son de sa guitare… Malgré beaucoup de fausses notes, on se souviendra de sa joie communicative !
Pour finir, cette promenade à cheval nous a menées vers une nouvelle piscine naturelle, un bien bel endroit même si celui-ci était vraiment trop prisé par beaucoup d’autres étrangers...
Parque Guanayara
Une fois de plus pour des raisons de simplicité nous avons prévu une excursion touristique en groupe à la journée à la découverte du parc Topes de Collante. Nous avons opté pour celle dans le parque Guanayara qui est le plus éloigné de Trinidad, bien que les prix soient toujours aussi prohibitifs… Le trajet se fait à bord d’un camion russe, ce qui donne un petit côté « attraction » dans les montées et surtout dans les descentes pour rejoindre le parc. Je ne vous cache pas que c'est difficile pour nous de nous retrouver dans un groupe de 20 personnes, avec pas mal de seniors, quand ce qu’on aime est la liberté et la tranquillité d’une balade seules en pleine nature !
Alors on a fait abstraction du côté excursion et on a profité des paysages un peu à l’écart du groupe. Ça nous a d’ailleurs donné l’occasion de profiter de la magnifique cascade durant quelques minutes pour nous toutes seules. Mam n’aura pas résisté à s’y baigner, l’appel des sources naturelles lui étant trop fort ! En continuant la promenade dans la forêt on est retombées plusieurs fois sur de petits bassins, elle s’en est donc donnée à cœur joie, et c’était pour moi un réel plaisir de la voir s’amuser comme une enfant !
Au 3e et plus grand bassin, j’ai moi aussi profité des joies du bain naturel, frais et revigorant, dans un superbe décor. La balade dans la forêt n’était pas très longue, 3 km seulement, mais c’était une bonne occasion de se ressourcer en pleine nature et de profiter d’une forêt luxuriante, avec de nombreuses espèces d’arbres différents et quelques oiseaux à repérer ici et là.
Même si je pense que le lieu doit être encore plus magique à la saison humide grâce à plus de verdure et plus d’eau, le parc Topes de Collante est un beau site à ne pas manquer. Même l’heure de trajet est sympa, cela nous permet de distinguer l’immensité de la forêt et nous donne de jolis points de vue sur la Sierra ou encore sur la mer des Caraïbes au loin…
Varadero
Après nos péripéties avec le taxi colectivo, nous étions décidées à prendre un bus Viazul pour notre dernier long trajet. Finalement il se trouve que l’on a croisé entre temps un couple de Français avec qui nous nous sommes accordés pour prendre un taxi colectivo, qui non seulement promettait un vrai service de taxi et un bon prix, mais en plus il était d’accord pour faire une courte halte touristique dans la ville de Santa Clara, ville de grande importance dans l’histoire de la rébellion révolutionnaire dont le Che fit partie. Il est notamment possible d’y visiter le mausolée du Che Guevara et le musée qui retrace sa vie. Puis on peut revivre l’histoire sur le site du train blindé : c’est ici que fin 1958 le Che et ses quelques 20 hommes ont fait dérailler un train blindé rempli d’armes et destiné à soutenir les troupes du régime pro-américain de Batista. Cet épisode fut décisif pour faire renverser la dictature et rendre la révolution victorieuse à Cuba.
Une fois arrivées à Varadero, nous avons eu le bonheur d’y trouver une casa tenue par une charmante Betty aux petits soins, et surtout située à 100 m de la plage ! Notre programme pour les 2 prochaines journées était donc connu d’avance et on ne peut plus simple : plage et farniente, pour profiter de la beauté du lieu à toute heure de la journée !
A l’aube, pour un délicieux bain au réveil et le plaisir d’une plage quasi déserte. Sous la chaleur de midi pour jouir d’un sable blanc et d’une eau turquoise digne des plus belles cartes postales. Et en fin de journée pour contempler, chahutées par les vagues, de magnifiques couchers de soleil sublimés par les quelques nuages présents à l’horizon… Un vrai régal et une parfaite façon de conclure notre découverte de Cuba !
Nous avons également pris le temps de faire un tour en bus touristique pour avoir une idée de ce qu’est cette fameuse bande d’hôtels tout-inclus assez éloignée du centre-ville, évidemment cela nous a confortées dans notre préférence pour notre hébergement plus modeste et authentique ! Et puis ce fut notre dernière occasion pour flâner dans les marchés artisanaux et acheter nos souvenirs, l’heure du départ étant sur le point de sonner…
* Quelques réflexions sur la situation politique de Cuba
Témoigner de la vie sous un tel régime communiste était intense, car en tant que touriste il est facile de juger cette privation insensée de libertés... Comment peut-on laisser sa population payer le prix fort pour des produits de première nécessité, et leur facturer les mêmes montants que ceux appliqués aux touristes pour quasiment tout ? Comment peut-on laisser sa population abandonner des emplois de haut niveau intellectuel au profit de jobs peu gratifiants en lien avec le tourisme, juste parce que les premiers ne permettent pas d’avoir une vie décente ? Comment peut-on empêcher sa population de voyager à l’étranger ou même au sein de son propre pays, les incitant à chercher l’amour par réflexe auprès des touristes en vue d’une vie plus libre ailleurs ?
Heureusement, comme pour toute situation, s’il y a de nombreux inconvénients il y a également des avantages. Les Cubains doivent à Fidel Castro une excellente éducation et un accès gratuit aux soins de santé, si bien que si l’on sent la pauvreté dans le pays, on n’a jamais pour autant senti la misère car chacun a accès à l’eau et à l’électricité par exemple. De même, cette limitation des droits a appris aux cubains les valeurs de la simplicité de vivre, de la solidarité entre eux, mais aussi de la débrouille pour trouver des combines afin de mieux vivre. En tant que touristes, on peut dire que Cuba est un pays où l’on se sent vraiment en sécurité, même si bien entendu, comme dans tout pays en développement les touristes sont une source précieuse de richesse ambulante et les arnaques ne manqueraient pas pour celui qui serait trop imprudent.
Le mot de la fin...
Découvrir Cuba était un bonheur déjà rien que pour le fait de pouvoir fuir le froid et la grisaille européenne au profit d’un temps toujours chaud, sec et ensoleillé, et encore plus avec des plages de rêve ! Les villes de la Havane et Trinidad renvoient le plein de couleurs pour les yeux et permettent de profiter pleinement de la riche culture cubaine au rythme de la salsa et de ses inlassables percussions... Si les paysages cubains ne sont pas les plus extraordinaires, il est très agréable de se promener dans ses parcs naturels et tout particulièrement au cœur de son étonnante vallée de Viñales. Il y a bien une raison si tant de sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco !
Mais l’atout indéniable de ce pays reste la chaleur et le cœur de ses habitants, qui nous touchent pour leur joie de vivre, leur simplicité et leur débrouillardise face à un mode de vie qu’ils n’ont pas choisi. Les innombrables échanges avec chacun d’eux resteront les moments les plus marquants de ce beau voyage ! Pour vivre le meilleur de Cuba, il m’aura juste cruellement manqué la maîtrise de la salsa…